samedi 9 novembre 2013

De nouveaux troubles en Bosnie -Herzégovine orchestrés par les Etats-Unis

© Photo : en.wikipedia.org/Captain Blood/cc-by-sa 3.0


Le secrétaire d'Etat américain Warren Christopher a rencontré à plusieurs reprises les trois dirigeants de l'ex-Yougoslavie à Dayton, mais les parties n'ont jamais pu s'entendre les détails de signature de l'accord de paix en Bosnie-Herzégovine.


Le processus de négociations était lent et douloureux sur la base aérienne de Wright-Peterson. Un seul problème, le plus important, a pu être résolu – celui de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, d’un état croato-musulman. Mostar - sa capitale et le siège du gouvernement de toutes les institutions d'une nouvelle fédération, est devenu un modèle pour d'autres formations territoriales, apparues après la dissolution de la République fédérative socialiste de Yougoslavie (RSFY).

Il n’y a pas si longtemps, le fleuve Neretva divisait Mostar en deux parties : croate et musulmane. Sur la rive gauche était installée la police croate et circulait la monnaie croate. Sur la rive droite, des policiers mal équipés assuraient l’ordre public et des marks allemands, la monnaie officieuse de la Bosnie-Herzégovine était en circulation. Les kunas croates et les dollars américains n’étaient même pas considérés comme de la monnaie. Désormais, un système unifié de gouvernement, de la police et des finances devait être mis en place dans le pays. Et c’est le mark allemand, la monnaie préférée de la population locale qui fut introduite en guise de monnaie officielle temporaire.

Le côté bosniaque essayait tout le temps de négocier des avantages politiques et économiques. Tout à coup, à la surprise des Américains, le ministre des Affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine Muhamed Sacirbej a démissionné. Il a indiqué qu’il cède sa place à un homme politique d’origine croate. Ce geste du jeune ministre a montré clairement que le gouvernement bosniaque n’était jamais parvenu à un consensus. A cette période là, à Dayton, on décidait également de l’avenir de l’Etat de Bosnie-Herzégovine, et on choisissait la composition du cabinet du nouveau gouvernement.

L’ancien président Alija Izetbegovic se considérait comme le leader incontestable, car il était au pouvoir lorsque le conflit a éclaté. Et il bénéficiait du soutien de la population.

La deuxième personne de confiance dans le gouvernement de Sarajevo était premier-ministre Haris Silajdžić. Théologien de formation, il fut un premier-ministre très populaire. C’est grâce à lui que Sarajevo bénéficiait d’un soutient financier important de la part des riches pays du Moyen-Orient et du Golfe Persique. Silajdžić a toujours prôné une politique assez stricte. C'est lui qui a formulé à une époque le slogan : « Levez l’embargo sur la livraison des armes en Bosnie et nous arriveront un moyen d’instaurer la paix ».

Muhamed Sacirbej est entré dans le gouvernement de Sarajevo en été 1995. Il a pris la place du ministre des Affaires étrangères défunt Ljubjankic. Sacirbej représentait jusqu’alors les intérêts de son pays à l’ONU. Cet ancien joueur professionnel de football américain se rendait très peu à Sarajevo, mais contactait beaucoup avec les dirigeants politiques du monde entier.

La lutte entre les « pragmatiques » de Sarajevo et les représentants des partisans d’une « politique rigoureuse » à Dayton est arrivée dans l'impasse. En échange du statut de Sarajevo et de l'enclave musulmane de Goražde, Izetbegovic accepté de céder une partie de ses territoires aux Serbes de Bosnie. Il s’agissait de la région de bosniaque de Posavina. Toutefois, elle était occupée par principalement par des Croates de la nouvelle Fédération de Herzeg-Bosna. Le parlement de la Fédération a immédiatement refusé une telle solution. Dans un message spécial du parlement de la Fédération le président de la Croatie Franjo Tudjman, les Croates de Bosnie lui demandaient de protéger leurs intérêts territoriaux. Tudjman était influent et bénéficiait d’une autorité incontestable, car tout le monde croyait alors gagnant dans la confrontation de quatre ans dans l'ex-Yougoslavie. Mais il a fallu attendre longtemps avant d’avoir une réponse de sa part. Il était alors plus intéressé par la Slavonie orientale, où il pouvait à nouveau prendre le contrôle du territoire. En ces jours de novembre 1995, le Américains essayaient par différents moyens, en utilisant la persuasion et les menaces, de convaincre les trois participants aux négociations, leur expliquant que chacun en sortira gagnant et non pas perdant. Avant les élections, Bill Klinton poursuivait un seul but : pour geler la guerre en Bosnie-Herzégovine et la crise dans l'ex-Yougoslavie. Les effets de ses efforts furent visibles par la suite, lors des événements au Kosovo. Les Etats-Unis et la Maison Blanche avaient alors élaboré un nouveau projet de désintégration de la Serbie. Le « scénario du Kosovo » était déjà lancé, et il fallait mettre un terme à la « question bosniaque ». Du moins, sur le papier.



(à suivre)
Rédaction en ligne, Konstantine Katchaline                                                La Voix de la Russie

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