Le 16 septembre Ban Ki-moon a présenté devant le Conseil de sécurité de l’ONU le rapport des experts qui ont enquêté en Syrie sur le massacre chimique du 21 août. Le Secrétaire général de l’ONU a qualifié des preuves de l’utilisation de gaz sarin à Damas de « flagrantes et convaincantes ». Le mandat des enquêteurs ne prévoyait pas, d’ailleurs, qu’ils puissent désigner les responsables de cette utilisation. Les détails du rapport de M. Ban nous dévoile le journaliste français et président-fondateur du Réseau Voltaire Thierry Meyssan.
Thierry Meyssan: Le rapport qui était présenté porte sur une seule question : savoir si du gaz sarin a été utilisé en Syrie, en général, et dans la Ghouta de Damas, en particulier. Et la réponse à cela est oui, il y a eu du gaz sarin puisque les responsables des Nations unies ont rencontré une cinquantaine de survivants et ils ont fait des prélèvements de tissus humains qui ont été analysés et qui montrent dans un grand nombre de cas, pas tous, que certaines personnes ont été contaminées au gaz sarin. D’autre part, sur place dans la Ghouta les observateurs ont récupéré des débris de missiles sol-sol qui ont servi à transporter de ce gaz. Dans ce rapport il n’y a que cela et absolument cela et il n y a rien sur l’ampleur des victimes, cette affaire n’est pas traitée. Et il n’y a rien sur, précisément, chacun des 14 cas qui leur étaient présentés, il n’y a d’investigations que sur l’affaire de la Ghouta. En fait, quand on a cette réponse, on n’a que la réponse sur laquelle tout le monde était d’accord aujourd’hui. Puisque hier soir les autorités syriennes ont diffusé à la télévision Al Ikhbariya le témoignage de deux personnes qui ont été faites prisonniers par l’armée et qui ont expliqué comment on avait transporté des missiles et des précurseurs chimiques pour charger ces missiles depuis une base militaire turque jusqu’à Damas. Donc l’usage de gaz sarin est avéré. Le fait que le gaz était dispersé par, au moins, deux missiles qui ont été tirés d’une zone rebelle vers une autre zone rebelle comme l’a montré les photos satellitaires russes et transmis de Conseil de sécurité, tout ça c’est très clair. Mais il n’y a toujours pas d’accord entre les membres du Conseil sur l’origine de ces gaz.
LVdlR : Peut-on espérer que la communauté internationale poursuivra le processus de paix après ce rapport ?
Thierry Meyssan: Certainement parce que le processus de paix c’est un accord entre la Russie et les USA. Très probablement, les USA étaient informés sinon plus de ce que faisait l’armée turque et, d’ailleurs, probablement, également le Royaume Uni et la France. Mais comme cette opération a échoué, je pense que les USA reviennent à l’accord initial qu’ils avaient avec la Russie le 30 juin 2012 à Genève et qu’on se dirige vers une conférence qui permettra à la Russie et aux Etats-Unis de se partager le Proche Orient cette fois-ci sur le dos des alliés des USA que sont le Royaume Uni et la France puisque le Royaume Uni vient de se retirer de la course et que la France s’est engagée d’une manière tout à fait inconsidérée dans cette affaire en perdant une partie de son autorité.
Victoria Issaïeva
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