Depuis la chute du rideau de fer, la disparition de l’Union soviétique et la fin de la guerre froide, les puissances occidentales se sont mises en quête de nouveaux ennemis et de nouvelles menaces afin d’entretenir leurs instincts guerriers et assurer sa prospérité au complexe militaro‑industriel. Mais aussi pour ouvrir de nouveaux marchés et de nouveaux débouchés à leurs entreprises et à leurs économies en difficulté avec, en arrière‑plan et très souvent, une odeur de pétrole.
Washington, Londres et Paris, principalement, agissent alors comme une entreprise multinationale. Ses clients : les pays du sud, plus particulièrement ceux d’Afrique du Nord et du monde dit arabo‑islamique. Ses produits : la démocratie à géométrie variable et le mirage de la liberté. Sa prestation : la lutte contre le terrorisme et la reconstruction de ce qui a été détruit par ses soins. La différence avec une multinationale classique est que le client ne peut décliner l’offre et que produits et prestations proposés ne présentent aucune garantie de qualité et de résultat.
La seconde guerre du Golfe mais aussi les printemps arabes, qui se sont tous mués en hivers glacials, constituent une parfaite illustration du fait. Il ne se trouvera personne de raisonnable pour pleurer la disparition des dictateurs qu’ont été Saddam Hussein en Irak et Mouamar Kadhafi en Libye, malgré le mode opératoire abominable mis en œuvre pour leur liquidation. Il ne s’en trouvera pas non plus pour regretter la chute de Zine Abidine Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak en Égypte, Ali Saleh au Yemen et, probablement, Bachar Al‑Assad en Syrie.
Pour autant, les Irakiens, les Syriens, les Libyens, les Yéménites, les Égyptiens et les Tunisiens sont‑ils gagnants au change ? Inutile de le leur demander. Si l’expression "aller de Charybde en Scylla" devait avoir un sens, c’est chez eux qu’il convient de le chercher.
Il serait inexact de nier l’aspiration de ces peuples à changer de dirigeants pour accéder à plus de démocratie, de justice et de liberté. Il serait injuste de ne pas reconnaître leur engagement dans cette voie, malgré les répressions sanglantes. Et il serait faux d’ignorer le caractère autocratique et liberticide des régimes qui sévissaient dans ces pays. Mais il serait naïf de croire que tout s’est décidé intra muros et de manière autonome.
Au demeurant, une remarque s’impose et une question se pose à ce sujet. Tous les pays touchés par les "révolutions" arabes sont des États à caractère républicain. Pourquoi donc aucune monarchie n’a été emportée par le tourbillon ?
La seule monarchie à avoir connu un début de révolte fut le Bahreïn. Le soulèvement a été écrasé dans le sang et étouffé dans l’œuf par les chars saoudiens, sans que cela ne fasse sourciller Washington, Londres ou Paris. Et sans que cela n’émeuve les médias si prompts à légitimer les interventions occidentales sous d’autres cieux, pour des objectifs exactement opposés, et à vendre l’image valorisante d’un Occident qui vole au secours de peuples pour les sauver de leurs despotes.
Les pétrodollars des monarchies du Golfe se sont avérés plus forts que les sacro‑saints principes qui fondent les grandes démocraties. Plutôt que de cibler ces monarchies particulièrement rétrogrades, les puissances occidentales en ont fait des alliés stratégiques. C’est que le deal est clair : aux Occidentaux les bénéfices économiques et géostratégiques, aux monarchies du Golfe celui de propager et d’installer partout leur conception erronée, extrémiste et meurtrière de l’Islam.
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